Piscine : Ville et Equalia continuent à camper chacun dans leur logique

(c) Dominique Zachary

Le gestionnaire français de la piscine de Virton, la société Equalia, trouve que les pouvoirs publics locaux ne l’aident pas suffisamment face à la chute de recettes dans le cadre de la pandémie. La Ville de Virton, de son côté, affirme qu’elle ne peut fournir d’efforts supplémentaires par rapport à l’argent qu’elle investit déjà dans la piscine.

« La réunion fut très tendue ». L’avis d’un des participants à la réunion entre Equalia et la Ville de Virton dans le cadre du secteur Piscine d’Idélux, lundi après-midi à l’hôtel de Ville de Virton. Pour l’occasion, le grand patron d’Equalia, le PDG français Paul-Gérard Server, ainsi que Valérie de Rochechouart, la directrice générale associée d’Equalia, avaient fait le déplacement jusque Virton.

Mais le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne sont pas repartis satisfaits de leur réunion qui a duré plus de deux heures. Eux qui venaient écouter des propositions du collège communal de Virton pour sortir du litige financier, sont repartis bredouilles sur Paris!

Equalia n’arrive pas à garantir ses recettes

Pour résumer, la situation est la suivante. Après un lancement de la toute nouvelle piscine en juin 2018 – un vrai joyau, considéré comme une des plus belles de Wallonie – Equalia a déjà dû fermer l’exploitation en mars 2020 suite au Covid. Un long arrêt qui s’est prolongé 11 mois jusqu’en février 2021.

Equalia a rouvert à Virton depuis quelques mois, a enfin pu aussi permettre l’accès le samedi (pas encore le dimanche), mais s’ils comparent avec les chiffres de 2018 et 2019, les gestionnaires français déplorent une chute de 60 % d’entrées en moins en 2021 par rapport à 2019. Sachant que l’année 2020, déjà, a été nulle ou quasi nulle pour elle en recettes suite à la fermeture de la piscine en mars.

Comme par convention, Equalia est contrainte de ristourner une partie de ses recettes à la Ville de Virton, la société française dit qu’elle n’y arrive pas et demande « d’adapter le contrat et le marché de services avec la Ville ». L’idéal pour Equalia serait de suspendre le contrat passé avec la Ville car Equalia ne peut plus garantir de recettes. Elle est aussi en attente d’un geste de la Ville de Virton, comme le font bien les 60 municipalités françaises qui accueillent d’autres piscines d’Equalia dans l’Hexagone.

Alain Claudot: «C’est faux de dire que nous allons divorcer avec Equalia»

Du côté de la Ville de Virton, l’échevin des Finances Alain Claudot, qui préside le secteur piscine de Virton à Idélux, dit comprendre l’argumentaire d’Equalia, mais ajoute que la Ville ne peut accorder plus qu’elle ne le fait en ce moment. « Pendant l’arrêt Covid en 2020, on a payé un delta de 30 000€ par mois pour maintenir l’outil et pouvoir rouvrir la piscine dans de bonnes conditions. Et pour le budget 2021, nous avons prévu 860 000€ pour la piscine, au lieu de 590 000€ auparavant. C’est déjà un fameux effort. Notre Ville doit faire face à de gros problèmes financiers, nous avons commandé un audit pour avoir toute la clarté sur les comptes d’Equalia pour l’année 2020. » affirme Alain Claudot, au lendemain de la réunion.

La Ville de Virton renvoie la balle à Equalia et va rédiger un courrier officiel sur base de l’analyse des comptes, objective, de l’exercice 2020, avant de pouvoir négocier ensuite sur l’année 2021. « C’est faux de dire que Virton va divorcer avec Equalia. Nous cherchons toujours des solutions ensemble », insiste l’échevin Alain Claudot.

De son côté, Equalia en attend davantage de la part de la Ville. L’autre échevin virtonnais, Vincent Wauthoz, a glacé les représentants de Equalia lors de la réunion en annonçant qu’ »Equalia ne recevrait pas un cent de plus » et leur a suggéré de « limiter leurs charges en maximum en n’ouvrant la piscine qu’aux tranches horaires les plus rentables ».

« Nous sommes très déçus de ces prises de position des responsables politiques de Virton alors que nous entretenons d’excellentes relations avec l’association des commerçants de Virton et avec la population, commente Michel Goffaux, le représentant belge d’Equalia. Malheureusement, la situation sanitaire Covid qui revient à nouveau ne nous est pas favorable. Nous avions une clientèle française de la frontière de plus en plus importante depuis quelques mois. Hélas avec l’obligation de présenter le pass sanitaire, ces personnes ne viennent plus. »

On saura donc, au fil des prochaines semaines, si la Ville de Virton et Equalia ont enfin trouvé la bouée de sauvetage pour garder la tête hors de l’eau ou si au contraire Equalia finit par quitter le navire gaumais, par lassitude du manque d’aides et soutiens locaux.